Foutez-leur la paix !

Foutez-leur la paix !

Le drame du peuple palestinien ne serait-il pas également celui de ses « soutiens » ?
Voilà une question légitime à poser. Car une interrogation demeure : comment se fait-il que face à un gouvernement d’extrême droite comme celui de Netanyahou et consorts, face aux massacres de Gaza, nous ne soyons pas des centaines de milliers de personnes dans les rues pour appeler à la paix ? Comme pour la guerre du Golfe, du Vietnam ou de l’Algérie auparavant.

Sûrement parce que ces manifestations et le soutien au peuple palestinien ont été captés par une minorité agissante qui n’a de cesse de souffler sur les braises et de jouer avec la provocation et les lignes rouges.
Minorité qui cherche aussi à s’imposer par une terreur idéologique et verbale (voire physique dans certains cas) en forçant toutes celles et ceux qui voudraient les rejoindre à adopter leur discours et leurs positions. Plus de place pour la discussion, aucune recherche d’un socle commun de mobilisation, plus de compréhension des parcours des uns et des autres. Plus d’internationalisme, juste du nationalisme mal digéré ou un campisme monstrueux (qui au passage refuse de considérer le rôle de la théocratie iranienne dans ce conflit). Juste une stratégie de la tension et une dérive de plus en plus nette vers les cercles les plus sombres de la politique, des complotistes à la Michel Collon en passant par des militants de l’islam politique et autres confusionnistes antisémites, homophobes, sexistes, etc.

Il fut un temps où notre camp était clair : pas de solidarité internationale pour le peuple palestinien avec n’importe qui. Pas de Soral, pas de Dieudonné et autres Europalestine, pas de cheik Yassine, pas de centre Zahra, pas de pro-Hamas, pas d’antisémites, pas de provocations, pas de ligne rouge franchie, etc.

Aujourd’hui, tout est renversé : les « antiracistes, antifascistes, libertaires, communistes » et autres « révolutionnaires » défilent sans vergogne avec les pires des pancartes, offrent des tribunes aux pires discours d’apologie du Hamas et du terrorisme islamiste, refusent de parler de viol pour les femmes israéliennes, refusent de parler de libération des otages israéliens, défendent chaque propos intolérable des « camarades qui ont dérapé » ou « se sont trompés », imposent des termes comme « génocide » sans chercher à comprendre les oppositions à son utilisation.

Résultat : quelques milliers à peine de personnes manifestent en « solidarité avec le peuple palestinien », comme une élite autoproclamée avec un tampon de radicalité parfaite et sans compromis avec « l’entité sioniste et ses alliés collabos ».

Nous pensons que notre camp s’est perdu, du moins cette prétendue élite qui s’est imposée par la peur, usant d’une violence symbolique, politique et physique parfois digne des petits gardes rouges maoïstes.
Il est temps de reprendre pied.

Pour cela, nous appelons notre camp à renouer avec son histoire internationaliste, son antiracisme de classe et son ambition émancipatrice, à étendre la mobilisation pour une paix juste et durable au Proche-Orient, en refusant la présence des confusionnistes, antisémites, propagandistes religieux et autres ennemis politiques du genre dans nos mobilisations et en reprenant des mots d’ordre fédérateurs :

– arrêt des massacres par l’armée israélienne, notamment à Gaza ;
– opposition à tout projet de nettoyage ethnique ;
– libération des otages israéliens ;
– retour chez eux des déplacés, israéliens comme palestiniens ;
– libération des prisonniers palestiniens placés arbitrairement en détention administrative ;
– aide humanitaire à Gaza à hauteur des besoins de la population et de la reconstruction ;
– cessez-le-feu immédiat et permanent, puis engagement d’une négociation sur un nouveau processus de paix durable entre deux États reconnus comme légitimes ;
– reconnaissance de l’État palestinien et arrêt de la colonisation par l’État israélien ;
– soutien aux forces progressistes et laïques israéliennes et palestiniennes, même minoritaires, contre l’extrême droite du Hamas et contre l’extrême droite israélienne ;
– application d’un processus judiciaire international concernant les crimes de guerre et contre l’humanité commis par le Hamas et par l’armée israélienne ;
– condamnation de tous les actes et propos racistes et antisémites, sans « indulgence aucune » pour les « ambiguïtés » et les « dérapages ».

ASAP